L'Europe des Lumières

sous influence italienne

 

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la musique italienne connaît un engouement spectaculaire auprès du public. Portée par de brillants musiciens et compositeurs, elle se diffuse dans toute l’Europe comme l’illustre le programme proposé ici.

 

Même s’il ne mit jamais un pied en Italie, Johann Sebastian Bach (1685 – 1750) fut intéressé aussi par cette musique. Outre un concerto italien, divers concertos d’après Marcello & Vivaldi, une fugue sur un thème d’Albinoni, un air varié à la manière italienne… il écrit aussi deux cantates italiennes dont celle-ci, “Non sa che sia dolore” , composée à l’occasion du départ d’un érudit de l’université de Leipzig (Lorenz Christoph Mitzler) appelé alors à Ansbach.

 

Domenico Scarlatti(1685 – 1757), quant à lui, passe la première partie de sa vie dans le sillage et dans l’ombre de son père (Alessandro, musicien napolitain de très grande renommée). Claveciniste virtuose, compositeur d’opéras, musicien de cour ou d’église, il ne parvient pourtant pas à se fixer durablement ni à faire carrière en Italie (Naples, Rome, Florence, Venise…). Quelques années avant la mort de son père, il s’installe au Portugal pour y devenir maître de clavecin de la princesse royale Maria Barbara qui allait devenir reine d’Espagne en 1729 ; il la suit alors à Séville puis à Madrid où il passera le reste de sa vie, composant ses 555 sonates pour clavecin qui firent sa renommée.

 

Avec Nicolas Chédeville (1705 – 1782), nous nous trouvons en compagnie d’un musicien, compositeur et homme d’affaire très habile, puisqu’il fait paraître en 1737 à Paris “Il Pastor Fido” (un recueil de six sonates pour musette, vielle à roue, flûte, hautbois ou violon et basse continue) sous le nom de Vivaldi, alors que la majeure partie est de sa propre main. Dans la sonate n°6 (qui comporte même un numéro dans le catalogue du vénitien…), le pastiche italien se mêle à la transcription : en effet le dernier mouvement s’appuie sur le premier mouvement d’un concerto pour violon de Vivaldi, déjà transcrit par ailleurs par J.S. Bach (pour le clavecin ou l’orgue).

 

Le Saxon Georg Friedrich Haendel (1685 – 1759), très tôt attiré par l’Italie (où il rencontre d’ailleurs Domenico Scarlatti lors d’une joute musicale, au clavecin et à l’orgue, organisée à Rome au palais du cardinal Ottoboni) s’installe cependant définitivement en Angleterre en 1712 et composera pendant toute sa carrière des sonates, cantates et opéras italiens. L’extrait de l’opéra “Giulio Cesare in Egitto” présenté ici est une grande imploration de Cléopatre, au comble de l’inquiétude face au danger qui menace son amant parti au combat.

 

Francesco Geminiani (1687 – 1762), après avoir étudié avec Corelli dans son pays natal, s’exile lui aussi en Angleterre où il fait une brillante carrière de violoniste et de compositeur, se consacrant, pour sa part, exclusivement à la musique instrumentale. Il rencontre Haendel à la Cour de Londres en 1715, joue avec lui ses concertos pour violon et dirigera la création locale du “Messie” à Dublin. En plus de nombreuses compositions (dont une “mise en parties” des célèbres sonates de Corelli), il est l’auteur d’un traité (“The Art of Playing on the violin”) d’un intérêt considérable, source d’informations précieuses sur les techniques d’interprétation de l’époque.

 

Terminons enfin notre périple en retournant en Italie avec Antonio Vivaldi (1678 – 1741), figure incoutournable de cette musique, qui nous offre avec “Lungi dal vago volto” une délicieuse cantate autour d’un amour contrarié, pleine de charme et de lumière.

 

  

Johann Sebastian BACH  (1685 – 1750)

Non sa che sia dolore BWV 209

[Leipzig c.1730]

 

Domenico SCARLATTI  (1685 – 1757)

Sonates K 208 & K 209 

[Madrid 1752]

 

Nicolas CHÉDEVILLE (1705 – 1782)

“Il pastor fido”, Sonate n°6 

[Paris 1737]

 

 

Georg Friedrich HAENDEL   (1685 – 1759)

Giulio Cesare in Egitto, Atto II scena 8

[Londres 1724]

 

Francesco GEMINIANI  (1687 – 1762)

Sonata VI

[Dublin 1733]

 

Antonio VIVALDI  (1678 – 1741)

Lungi dal vago volto RV 680

[Mantoue 1720]

 


 

 

4 musiciens (soprano - flûte traversière baroque - violoncelle baroque - clavecin)